Les gens qui comptent : François Hinault, créateur du Grand Raid du Finitère et de L'Instant Outdoor

Fred
Coureur hédoniste.
Publié le 14-04-2023

Lancer une chaîne YouTube, organiser un ultratrail en Bretagne, devenir l'un des créateurs de contenus de référence dans le secteur trail en France, ça ne s'improvise pas ! Chez RUNNEA, nous avons eu le bonheur d'échanger avec François Hinault, la personne derrière le Grand Raid du Finistère et le podcast L'Instant Outdoor.

Sur LinkedIn, on voit bien que tu portes plusieurs casquettes. Comment est-ce que tu aimes te présenter ?

Ce travail d'identification a été long. J’ai dû trouver les réponses avant tout pour faire comprendre à ma famille de quoi je vis. J'aime bien dire que je suis à la fois :

  • Créateur de contenus (vidéo, audio, texte). J’ai deux podcasts (dont L’Instant Outdoor) et la chaîne YouTube Planète Trail. Puis j’écris des posts sur Facebook, Instagram, Strava, ma newsletter…
  • Créateur d'émotions par les événements que j’organise (Grand Raid du Finistère et trois autres qui sont dans les tuyaux). Mon objectif est de connecter les gens et de réaliser des partages humains.

Pour contextualiser, avant le Covid, j'avais la conviction que le digital allait remplacer le contact humain. Aujourd'hui, j'ai complètement changé d'opinion. J'adore retrouver les gens et être cette personne qui les réunit.

Comment est arrivé le running ou le trail dans ta vie ? Est-ce que, comme beaucoup, tu as commencé par la course sur l'asphalte et après tu es passé au trail ?

Dans le passé, j'ai fait plein de sports différents : foot, tennis de table, basket… Lors du bac, j’ai pris l’option sport dont le coefficient m'a aidé à décrocher le diplôme.

Ensuite, je voulais être soit pompier, soit prof de sport. Et c'est vers le métier de pompier que je me suis dirigé. En 2012, je découvre le milieu du trail grâce à un copain. J’ai adoré tout de suite !

J’ai fait plusieurs 10-20K puis enchaîné avec mon premier trail long et de là, c'est un sport qui m'a plus jamais quitté. Ça me procure des émotions que je n'avais jamais eues ailleurs.

Pour répondre à ta question, je n'ai jamais fait une seule course sur route !

On commence à voir de plus en plus de gens qui n'ont jamais fait de course sur asphalte. Le trail running est vraiment devenu une discipline à part. D’ailleurs, tu as fait un diplôme universitaire de trail à Grenoble. Est-ce que tu veux bien nous en dire quelques mots ?

J’ai voulu faire ce DU pour parfaire mes connaissances générales sur le trail.

En six mois, tu apprends des sujets sur la sociologie, sur l'alimentation, sur l'entraînement, sur le renforcement musculaire, sur le marketing, sur l'événementiel, sur la création de produits… Et à la fin, il faut présenter un mémoire : j’ai travaillé le projet d’organisation du Grand Raid du Finistère !

Le diplôme touche énormément de sujets. C'est à toi de faire des recherches pour aller plus loin. Moi ça me permet d'être à l'aise à discuter sur tous les sujets qui touchent au trail. Puis, ça me permet de me positionner comme consultant auprès des organisateurs d’événements et des entreprises du secteur.

Je recommande cette formation soit pour des gens qui ont vraiment une compétence spécifique comme des kinés qui voudraient attirer une certaine patientèle, soit pour des gens qui, au contraire, sont en reconversion professionnelle et qui ne savent pas vers où se diriger...

C'est super intéressant de voir comment le trail est devenu un véritable secteur. Au-delà du coaching, on peut exercer n'importe quel métier marketing, commercial, opérations… Toi, tu es devenu non seulement organisateur d’événements, mais créateur de contenus. Est-ce que tu veux bien nous présenter L’Instant Outdoor ?

Tout a commencé lors du confinement. À l’époque, j'avais déjà une communauté qui me suivait sur YouTube et Facebook. Et donc j'avais « accès » à certaines personnalités et compétences, comme des professionnels de santé.

Souvent, les gens me posaient des questions sur l’entraînement, la nutrition, etc. Plutôt que de répondre moi-même, je me suis dit « Et si je ne faisais pas bénéficier ma communauté de ces gens qui peuvent leur apporter des solutions plus adaptées ? ».

Au départ, ça a pris la forme d’un live, le « Café Trail », sur les réseaux. Les gens posaient leurs questions en direct à mes invités tous les mercredis soir à 20h30.

Au bout d'un moment, c’est devenu quand même contraignant et redondant. Par contre, j'adorais toujours recevoir les gens, raconter des histoires, apprendre des choses à ma communauté. Comme le format se prêtait très bien à l'audio, j’ai tout mis en podcast.

À partir de septembre de 2021, j’ai décidé de changer le nom du podcast pour L'Instant Outdoor. J’ai publié un épisode par jour de septembre à Noël, sauf le dimanche. Ensuite j’ai enchaîné avec entre un et trois épisodes par semaine.

On voit que grâce à ton rythme de publication et à la communauté qui te suivait déjà, L’Instant Outdoor a très vite trouvé son public. On peut revenir aux débuts de ta présence en ligne comme la création de ta chaîne YouTube, Planète Trail ?

Je l’ai créée en 2017. Ma mère m'accompagnait sur les trails que je faisais. Mais elle était frustrée de ne pas voir ce qui se passait entre chaque ravitaillement. J’ai donc commencé à filmer les parcours pour elle.

À force de faire des courses, principalement en Bretagne, on a commencé à me reconnaître, à me poser des questions. Je me suis lancé sur des vidéos conseils, des tests de chaussures de trail et de matos et à avoir une petite audience.

Ça a été une vraie aide pour le podcast parce que je ne partais pas de zéro. Aujourd'hui encore, je profite de ma chaîne YouTube qui est à 15 000 abonnés pour promouvoir L’Instant Outdoor.

J'imagine que le fait de changer de nom ça te permet aussi de t’adresser à plus de gens et de toucher aux sports de plein air plus globalement.

Exactement. Ce qui est génial avec le sport en général, c'est que chacun a à prendre des autres. Le fait de l'avoir appelé L'Instant Outdoor me permet de toucher à des gens qui ne seraient pas forcément venus.

Dans le podcast, je reçois par exemple Rémi Urbiel, un spécialiste du sommeil qui donne des conseils sur comment gérer son sommeil. Cela concerne l'alpiniste qui part pour des expéditions longues ou le cycliste qui fait de grandes expéditions. J’ai également reçu des navigateurs ou le champion du monde de crossfit. Tous ont des histoires inspirantes à raconter.

Et des finishers de courses légendaires comme Aurélien Sánchez ! En parlant d’événements épiques, passons au Grand Raid du Finistère. Tu es Breton d'origine et cette course permet de mettre en avant ta région. Mais d’où vient au juste cette idée passionnante ?

L'histoire de cet événement, c'est un coureur de Landerneau, dans le Finistère, qui voulait faire le tour de la presqu'île de Crozon. Moi, je suis originaire de là-bas et j'y ai vécu 20 ans.

Il m’a donc proposé de le faire et d’inviter d'autres personnes. Moi, quand on me propose un truc comme ça, en général, je dis rarement non.

C'était en 2020, en plein Covid. On a quand même réussi à se caler une date en juin. On est partis du jardin de ma mère à 17 heures. Les gens pouvaient amener un petit sac avec des ravitaillements dedans et puis on se chargeait d'emmener une remorque dans un coin. On se guidait tous avec une trace GPX et puis à la fin, on se retrouvait pour un barbecue.

Bref, c'était vraiment un peu à l'arrache, mais on s’est régalés. Et puis en 2021, plusieurs coureurs m'ont demandé de le réorganiser. Sauf qu’avec les événements annulés, ce n'était pas vraiment la bonne année pour le faire.

En 2022, je me suis dit « Allez, on y va », en petit comité, mais de façon officielle avec chrono, classement et podium. Le but était de roder le projet, de donner de la confiance aussi aux communes qui ne connaissent pas bien ce sport et que les bénévoles apprennent comment ça se passe.

Tu parles de la version zéro bis du Grand Raid du Finistère…

C’est ça. L’événement a encore eu cette particularité de ne pas avoir de ravitaillement classique ni de balisage.

Puis, les barrières horaires sont devenues strictes pour augmenter le niveau moyen des coureurs qui viennent sur le Grand Raid du Finistère. En fait, c’est une course qui se mérite. Je préfère avoir 100 coureurs, mais 90 qui arrivent au bout.

Pour moi, l'événement sera un des incontournables du circuit français dans les années à venir.

Il y a tout de même la possibilité de faire le parcours à deux et à quatre. Est-ce que c'est une façon aussi de démocratiser l’événement malgré tout ?

Le relais s’adresse aux personnes qui n'ont pas encore exactement le niveau attendu pour faire les 166 kilomètres, mais qui ont envie de venir partager un moment en groupe. 

En fin de compte, le but est de mettre en avant la Bretagne comme terre sportive et culturelle.

Côté organisation, ça permet aussi de réduire le nombre de coureurs. Si j'avais eu 500 coureurs solos, ça faisait multiplier fois 10 par rapport à l'année d'avant sur un format.

Le trail fait 166 kilomètres mais le ratio distance dénivelé n'est pas si important. J’imagine que la course est très roulante et qu’il faut bien voir où on met ses pieds, d'autant plus que ce n'est pas un parcours balisé.

C'est ça. Déjà, c'est la course la plus longue en kilomètre effort du Grand Ouest, parce que tous les 100 mètres de dénivelé, c'est comme si tu rajoutais un kilomètre à plat. Il y a l'Ultra Marin dans le Morbihan qui fait 177 kilomètres, mais avec 1 000 mètres de dénivelé.

En fait, il s’agit d’une course de gestion. Si dès le départ, sur les portions roulantes, tu cours tout le temps, tu te crames. 

Il faut donc avoir une certaine expérience et bien se connaître. En plus de ça, on sait que la fatigue centrale arrive avant la fatigue musculaire. Le côté course non balisée, en suivant le tracé de sa montre GPS et cardio, accroît la fatigue nerveuse.

À cela, il faut ajouter la gestion du ravitaillement et la barrière des 31 heures pour le faire. Pas le temps pour une sieste !

J’imagine que pour les podcasts et pour les événements, tu as des sponsors qui te suivent. Comment est-ce que tu travailles avec les marques ?

Mon modèle économique, c'est effectivement les partenariats et la prestation de services. Je gagne ma vie en mettant en avant des produits ou services sur le podcast. J'ai des partenaires à l'année qui sont Näak, en nutrition, et Runmotion Coach. Quant à Cimalp, je crée du contenu pour eux. Ils m'équipent de la tête aux pieds quand j'en ai besoin.

Ou alors je vais créer du contenu pour la marque. Par exemple, avec Merrell, j'ai enregistré trois podcasts sur leur base camp pendant l'UTMB. Je fais aussi des lives, interviews, commentateur pour les événements.

Souvent, je dis que mon métier, c'est de parler aux gens.

Je trouve qu'il y a de vrais besoins et une demande de création de contenu lié aux trails et au running, pour les sorties longues notamment. On a pas mal papoté sur le Grand Raid du Finistère. Quels autres événements tu es en train de concocter ?

Je n'ai pas encore lancé la com' dessus, mais j'organise une Backyard Infinity Trail en Bretagne. C'est un trail en boucle de 6,7 kilomètres. Tu as une heure pour faire la boucle. Et puis ça s'arrête quand il y en a un qui finit tout seul.

J'ai envie aussi d'organiser un 24 heures D+ Challenge en Bretagne, pour montrer qu'on peut faire du dénivelé en Bretagne.

Et il y a un truc qui n'a rien à voir, je pense à organiser une course de draisiennes dans ma ville.

En parlant d'événements, j’ai également lancé un nouveau podcast L’Orga. Depuis peu, j’intègre la TeamPartner, un regroupement de prestataires de services pour les organisateurs d'événements, en tant qu'expert podcast et animation. Dans ce cadre, j’ai rencontré pas mal d'organisateurs assez connus et des prestataires très pointus.

J’ai remarqué qu’il n'y avait pas de podcast pour ces profils. Aujourd’hui, L’Orga compte deux épisodes publiés et des publications hebdomadaires. Au programme, conseils, anecdotes, défis, stratégies… C'est un podcast qui marche déjà bien et je suis content de ce lancement.

Pour reprendre ta phrase de fin de podcast : « Est-ce qu'il y a quelque chose dont on n'a pas parlé et que tu aurais aimé ajouter peut-être pour clôturer notre échange ? »

La raison d'être de mon podcast, c'est vraiment de dire aux gens : « eux, ils y sont arrivés et toi aussi, tu es capable de le faire ».

Mais je mets en avant le comment. Je reçois des experts pour qu'ils nous disent comment atteindre nos objectifs en bonne santé. Certes, il faut lutter contre la sédentarité et encourager les gens à aller faire ce dont ils ont envie. Mais il faut garder en tête les bonnes méthodes pour ne pas se blesser.

J'ai plaisir à aider les organisateurs d'événements car plus on organise de choses, plus les gens ont envie de se lancer des défis et sont en bonne santé. Et moins ça coûte à la Sécu !

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