Les gens qui comptent : Jérôme Bellanca, les 100K, une course de passion et de résilience

Fred
Coureur hédoniste.
Publié le 05-10-2023

Dans le monde de l'endurance, certains noms émergent non seulement pour leur performance, mais aussi pour l'histoire inspirante qui se cache derrière chaque foulée. Jérôme Bellanca fait partie de cette catégorie de coureurs. Alors que la distance du 100K peut sembler écrasante pour la plupart d'entre nous, Jérôme l'a embrassée avec détermination, faisant face à des défis personnels et professionnels en cours de route. Dans l'interview qui suit, nous avons eu le privilège de nous entretenir avec lui, explorant ses débuts, ses luttes, ses victoires et sa vision pour l'avenir.

Bonjour Jérôme. En guise d'introduction, comment te portes-tu ces derniers temps ?

Eh bien, 2020 avait son lot de défis pour moi. Je préparais activement le championnat du monde de 100K lorsque la pandémie s'est abattue sur nous. En plus de ce choc, j'ai dû gérer la maladie de Haglund qui m'affectait depuis des années. Cette maladie, qui est liée à une protubérance du calcaneum, s'est aggravée avec le temps, rendant la course presque impossible pour moi. Cela m'a conduit à une chirurgie en 2022. La récupération a été laborieuse ; là où on prévoyait quelques mois de convalescence, j'ai finalement mis près d'un an à revenir.

Une telle persévérance est impressionnante. Parle-nous de tes débuts. Comment tu as découvert la course à pied ?

Ma relation avec la course est assez singulière. J'ai vraiment commencé assez tard. Plus jeune, j'ai toujours eu une inclination pour l'endurance. Lors de mes premières compétitions, j’ai observé que, même si je n'étais pas le plus rapide sur de courtes distances, j'excellais dans les courses plus longues. Ma véritable plongée dans le monde de la course s'est produite après mes études, notamment après les événements tragiques du 11 septembre 2001. L’impact économique de ces événements m’a laissé sans emploi fixe pendant un an, me permettant ainsi de courir intensément.

Ta transition du marathon au 100K est-elle une évolution naturelle pour un coureur ?

Pas nécessairement. Même si j'étais passionné par le marathon et que j'avais accompli beaucoup dans ce domaine, j'étais attiré par le défi du 100K. L'idée de représenter la France à l'international a été un énorme moteur pour moi. En outre, il y avait ce désir de pousser mes limites, de voir jusqu'où mon endurance pouvait me mener.

Cela me rappelle l'incroyable histoire que tu m'as racontée à propos de ta course avec Asier Cuevas. Peux-tu partager cette expérience avec nous ?

Ah, cette course ! En 2013, lors du 100K à Belvès, j'étais un parfait inconnu. Cuevas avait une avance de près de neuf minutes sur moi à un moment donné. Cependant, aux trois quarts, j'ai réussi à rattraper cette avance, au point où, dans la dernière montée, je l’ai doublé. Mais c'était une fin incroyablement serrée et au dernier moment il a pris 20 secondes d’avance sur moi. J'ai terminé premier en France, et il a été couronné champion d'Europe. C'était une arrivée épique !

Une question qui m'intrigue : de nombreux marathoniens, habitués à des allures plutôt soutenues, envisagent le 100K. Comment gère-t-on cette transition vers une course qui demande une allure nettement plus lente et une gestion de l'effort différente ?

C'est un excellent point. Passer du marathon au 100K nécessite un réajustement majeur. L'allure du marathon est plus soutenue, et le rythme cardiaque est souvent plus élevé. En revanche, le 100K demande une patience et une stratégie différentes. Il faut apprendre à ralentir, à écouter son corps et à économiser son énergie pour la durée. C'est un équilibre délicat à trouver.

L'aspect mental doit jouer un rôle crucial dans ces ultra-distances. Comment travailles-tu cet aspect ?

Absolument, le mental est central. J'ai la chance d'avoir un mental naturellement solide, mais j'ai aussi renforcé cet aspect grâce à la sophrologie. Il m'a été révélé que beaucoup des techniques enseignées, je les utilisais déjà de manière instinctive. Mais formaliser cet entraînement mental a été essentiel pour atteindre et maintenir un niveau d'excellence en compétition.

Le 100K semble être une distance qui perd de sa popularité. Selon toi, quelle en est la raison ?

Il y a plusieurs facteurs. D'une part, la société actuelle privilégie les événements rapides et spectaculaires. Le 100K est une épreuve longue, ce qui peut décourager certains spectateurs et organisateurs. De plus, avec l'essor du trail, de nombreux coureurs sont attirés par l'aventure en pleine nature, ce qui éclipse quelque peu les courses traditionnelles sur route comme le 100K.

Tu as mentionné ton rêve de représenter la France à l'international. Comment vois-tu ton avenir dans ce sport ?

Malgré les défis et les obstacles, ma passion pour la course reste intacte. Je suis déterminé à continuer à pousser mes limites et à représenter mon pays. Le 14 octobre je cours le 100K d’Amiens qui est une épreuve de qualification pour le Mondial 2024.

Merci, Jérôme, pour cette profonde immersion dans ton parcours et ta passion pour la course. Nous suivrons de près le 100K d'Amiens !

Merci à RUNNEA mais également à mes sponsors qui me soutiennent inconditionnellement : Rrunning Montauban, Humet Sport Lab et BSC Athlétisme.

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