Zoom sur Pauline, l'entrep'runneuse qui a créé les Belles Foulées, une communauté de coureuses

Zoom sur Pauline, l'entrep'runneuse qui a créé les Belles Foulées, une communauté de coureuses
Rédaction
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Equipe de rédaction
Publié le 16-03-2023

Les femmes et le running ont vécu pas mal d'aventures depuis un certain temps. Les anecdotes ne sont pas toujours heureuses (interdiction de courir plus de 1500 mètres, impossible de courir avec les hommes, tabous...). Mais fort heureusement, on sent que (peu à peu) les choses changent et que de plus en plus de coureuses font de la course à pied, leur sport favori. Tout ça, c'est grâce à des initiatives comme les Belles Foulées, créées par Pauline Bouzom. Cette jeune entrepreneuse a décidé de prendre le micro et de donner la parole à toutes celles qui n'osent pas franchir le pas. Chez RUNNEA, nous voulons mettre en lumière ce genre de projet qui fait beaucoup de bien au monde du running en France et dans le monde entier. En fin de compte, plus on est de fous, plus on rit ! Zoom sur les Belles Foulées !

Rentrons dans le vif du sujet : qui est la personne derrière les Belles Foulées ?

Je m’appelle Pauline et j'ai créé les Belles Foulées il y a un an maintenant. J'ai toujours aimé courir, mais sans assiduité. Pendant le lycée et la prépa, le sport était vraiment secondaire dans ma vie. Arrivée en école, la course à pied m'a vraiment permis de reprendre confiance en moi. C’était ma bulle d'oxygène, le moment de me retrouver avec moi-même et de me dire « Waouh ! Je me sens libre et puissante ».

Je n’avais jamais fait d’athlétisme et les clubs me paraissaient très élitistes. Mais j’avais du mal à rencontrer d'autres personnes qui couraient et à créer du lien. Puis, je suis allée bosser chez Décathlon à Dublin. Là, j'ai trouvé une équipe soudée de sportifs. En rentrant en France, j’ai vraiment eu du mal à me motiver. J’ai intégré quelques clubs qui couraient en ville, mais on ne préparait pas les mêmes courses. En fait, on courait dix kilomètres à une allure telle et j'avais du mal à voir ma progression. C’est à ce moment-là que je rejoins un club d’athlétisme.

Ça a bien marché directement avec mon entraîneur, j'ai trouvé un groupe et le rythme était soutenu entre séances et compétitions. Mais l’ambiance restait assez compétitive.

Or les personnes qui veulent se mettre à la course, ça ne leur correspond pas du tout. Donc il y en a qui sont un peu laissés sur le carreau. Il manquait cet aspect communautaire bienveillance, motivation. Parmi ces gens, on retrouve souvent des femmes, et les raisons sont nombreuses : des problèmes d’horaires, d’organisation familiale ou de sécurité.

Et c’est là que naissent les Belles Foulées ?

Je me suis dit qu’il y avait vraiment une communauté à faire autour du running, comme une philosophie de vie plus que comme un sport compétitif. Et notamment une communauté de femmes : qu'il fallait qu'on se rassemble, qu'on milite nos forces et qu'on se motive pour accéder à ce sport qui est juste incroyable.

En fait, tu incarnes l’esprit de ton projet : tu es arrivée au running, non pas par la voie élitiste, mais pour le plaisir, le bien-être et pour te « dé-fouler » justement !

Maintenant ça fait trois ans que je suis en club aussi. Mais avant d'arriver là, on est beaucoup à se dire qu’on n’a jamais fait d'école d'athlétisme ! La course à pied est une discipline qui a tellement de branches et chacun peut s’y retrouver.

En général, on pense que le marathon, c’est le graal de la course. Si tu ne fais pas ton marathon en moins de 4 heures, tu ne peux pas t'affirmer comme coureuse ou coureur. Et je trouve ça vraiment dommage parce que moi, à titre perso, j'ai jamais fait de marathon. Ce n'est pas un truc qui m'attire pour le moment. Et enfin, la course n'est pas égale au marathon. Il y en a pour tous les goûts et les couleurs ! On peut faire du cross sur des distances plutôt courtes, ou faire des trails de dix ou de 80 bornes, et c'est génial.

Tu fais de la course à pied, tu es coureuse !

Tu trouves ta niche et tu crées les Belles Foulées. En quoi consiste ce projet qui comprend une newsletter, des bootcamps et un podcast ?

J'aime bien définir ça comme un mouvement, parce qu'à la fois, ça a traduit aussi le mouvement de la course à pied. Les Belles Foulées rassemblent les femmes autour de la course à pied.

D'une part, il y a une grosse partie création de contenu. Je communique à la fois sur la partie conseils, santés, mise en pratique... J'ai aussi fait une première saison d’un podcast en fin 2022 et j’ai envie d’entamer la deuxième saison. Je publie aussi beaucoup sur les réseaux sociaux.

D'autre part, il y a une partie bootcamp motivationnel et sportif sur trois mois où j'ai un groupe de dix femmes partout en France qui veulent se remettre à la course à pied. J'ai préenregistré des séances sur huit semaines. Elles suivent les audios et elles courent avec moi. Fractionné, course à certaines allures ou trottiner, tout y est ! On fait des lives hebdomadaires pour parler de plein de thématiques. Il y a par exemple un médecin spécialisé dans la santé de la femme qui a parlé de l'impact du cycle de la de menstruel sur son état de forme. Comment faire si on a des règles douloureuses ? Comment appréhender sa pratique en fonction de son physique ? J'ai également une kiné spécialisée dans le corps féminin qui aborde des sujets qui restent tabous comme les fuites urinaires.

Donc voilà, pendant ces trois mois, c'est vraiment une bulle de bien être, de motivation où on est là pour se donner toutes les clés pour vraiment vivre au mieux sa pratique sportive, à la fois se dépasser soi par rapport à ses propres objectifs et prendre plus de plaisir aussi.

C'est énorme ! Et vous faites des rassemblements en présentiel ?

Oui, j'organise le premier en 2023. Je cherche en ce moment une course partenaire. C'est important de se voir en vrai. Et ça permet d'avoir un objectif final pour lequel s'entraîner. Toutes les filles sont aussi super contentes de se retrouver dans cet événement-là.

Il ne faut pas se leurrer, le running reste pour le moment un milieu très masculin, même s’il y a des choses qui changent. Alors quelle est ta vision du panorama actuel et qu'est-ce que tu aimerais voir dans les années à venir ?

On a mis du temps à avoir le droit de courir plus de 1500 mètres et à côté des hommes ! Donc la course est aussi un moyen de s'émanciper et de prendre ses droits. Et là, on voit que les femmes sont toujours de plus en plus nombreuses à courir.

Il n'y a toujours pas la parité hommes femmes. Au marathon de Paris l'année dernière, on ne représentait que 25 %. Les femmes commencent à courir et il y a plein de figures qui apparaissent. Moi, je suis beaucoup Stéphanie Gicquel, qui est une sportive de l'extrême, qui a remporté le championnat de 24 heures l'année dernière. Ces exemples féminins donnent envie de prendre notre part.

Qu'est-ce que tu penses de toutes ces marques qui commencent à sortir des modèles spécifiques pour les femmes ?

Comme je suis assez grande, en général les chaussures de running pour femmes sont trop petites pour moi ! Je sais que c'est par exemple quelque chose qui marche bien dans le vélo. Par exemple, la marque Wilma fait des vêtements spécifiques pour les femmes. Et je pense qu'en running, ça fait sens également.

En pleine compétition, une femme n’a pas forcément le temps de se changer tout le temps. Du coup, si tu mets un tampon, il y a des risques de le garder trop longtemps sur la selle. J'ai essayé de faire des leggings menstruelles. Stéphanie Gicquel, elle a écrit un livre qui s'appelle En mouvement, où elle explique comment elle affronte les 24 heures sur piste quand elle a ses règles. Toute la planification est décalée : les moments pour manger, pour aller aux toilettes, pour se changer...

Donc effectivement, il y a des choses qui commencent à percer, c'est bien, on voit plein d'idées qui sont mises en place.

Quand est-ce que nos coureuses peuvent rejoindre les Belles Foulées ? Comment est-ce qu'elles peuvent te suivre ?

Alors du coup j'ai une newsletter et je la fais du contenu comme je te disais des conseils sur la course à pied mais aussi des conseils de comment combattre la flemme, gagner confiance en soi, voir des témoignages de coureuses de tous les jours. Il y a le compte Instagram aussi, le podcast dont la deuxième saison va bientôt sortir et me suivre aussi. Et d'un point de vue plus perso sur LinkedIn où je mets pas mal de contenus. N'hésitez pas à rejoindre notre prochain bootcamp !

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